Robert GAUTHIER

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Suzanne et les vieillards

 

 

 

 

 

Suzanne et les vieillards (ou Suzanne et les deux vieillards ou encore Suzanne au bain) est un épisode biblique relatant l'histoire d'une jeune femme, Suzanne qui, observée alors qu'elle prend son bain, refuse les propositions malhonnêtes de deux vieillards. Pour se venger ceux-ci l'accusent alors d'adultère et la font condamner à mort. Mais le prophète Daniel, encore adolescent, intervient et prouve son innocence. Il fait condamner les vieillards. L'épisode se trouve au chapitre 13 du livre de Daniel, un chapitre considéré comme deutérocanonique.

 

 

Le récit constitue le 13e chapitre du livre de Daniel dans la Vulgate (De liberatione castae Susannae) littéralement De la libération de la chaste Suzanne.

Comme pour le chapitre 14, Bel et le serpent, Jérome, auteur de la Bible latine utilisa comme source Théodotion (de Theodotionis editione translata sunt).

Dans la Septante, Suzanne constitue un livre distinct du livre de Daniel. écrit originellement en grec, il fait partie du canon deutérocanonique catholique.

 L'épisode de Suzanne au bain figure également dans les Mille et une nuits (Nuit 394 : Conte de la femme au bain et des deux vieillards, édit. La Pléiade, t. 2, p. 179)

Ce chapitre apocryphe du livre de Daniel, a inspiré nombres d'artistes, en particulier peintrès et sculpteurs comme en littérature et au cinéma.

Foutaise biblique

L'épisode de Suzanne et des vieillards, repris dans léart également sous le nom de Suzanne au bain ou de Chaste Suzanne est un passage biblique très connu des artistes à travers les siècles. Cette histoire, extraite du livre de Daniel dans la Vulgate, était un prétexte pour peindre des nus.

Suzanne, une femme pieuse et très belle, est mariée au riche Joakim. Tous deux vivent à Babylone dans une belle maison dotée déun jardin. Parce quéils sont riches et respectés, de nombreux juifs viennent chez eux pour régler leurs différends en présence de deux vieillards choisis parmi le peuple pour leur sagesse.

Léaprés-midi, une fois les hétes partis, Suzanne a léhabitude de se promener dans le jardin. Les deux vieux juges la croisent quotidiennement et, sans se léavouer mutuellement, parce quéils ont honte, se mettent à la désirer ardemment.

Un jour, néen pouvant plus, et séétant séparés pour aller déner, chacun des deux vieillards revient sur ses pas pour la contempleré et se rencontrent à nouveau ! Ils finissent donc par séavouer leur désir et décident déagir ensemble.

Guettant léoccasion favorable, cachés dans le jardin, les deux vieillards surprennent une conversation entre Suzanne et deux servantes qui léaccompagnent. Suzanne leur demande de fermer les portes du jardin et déaller quérir de léhuile et des parfums afin de pouvoir se baigner.

Les jeunes filles parties, les vieux sages sortent de leur cachette et lui proposent un odieux chantage :

é Voici que les portes du jardin sont fermées, personne ne nous voit et nous sommes pleins de désir pour toi ; donne-nous donc ton assentiment et sois à nous. Sinon, nous témoignerons contre toi quéun jeune homme était avec toi et que céest pour cela que tu as renvoyé les jeunes filles. é

Considérant quéelle est perdue quel que soit son choix, Suzanne choisit pourtant de ne pas céder, afin de ne pas pécher. Elle se met donc à crier, tout comme les deux hommes qui, dans le méme temps ouvrent les portes du jardin. Des gens accourent et écoutent les mensonges des vieillards.

Le lendemain, le peuple est rassemblé chez Joakim. Les deux anciens, crédibles parce que juges du peuple, réitérent leur accusation :

é Comme nous nous promenions seuls dans le jardin, celle ci est entrée avec deux servantes ; elle a fait fermer les portes du jardin et renvoyé les servantes ; puis un jeune homme qui était caché est venu vers elle et a péché avec elle. En voyant le crime, nous avons couru vers eux et nous les avons vus séunir. De lui, nous néavons pu nous rendre maétrès, parce quéil était plus fort que nous et quéayant ouvert les portes, il séest échappé. Mais nous avons demandé à Suzanne quel était ce jeune homme et elle néa pas voulu nous le révéler. De tout cela nous sommes témoins. é

Suzanne répond :

é Dieu éternel, qui connais les secrets et qui sais tout avant que cela néarrive, tu sais quéils ont porté contre moi un faux témoignage, et voici que je meurs sans avoir rien fait de ce que ceux-ci ont méchamment imaginé contre moi. é

Dieu entend Suzanne et éveille léesprit saint de Daniel, un jeune garéon, alors quéelle est conduite à la mort. Daniel demande alors à interroger les deux vieillards séparément. Il demande au premier sous quel arbre se tenaient Suzanne et son amant. Le vieillard assure quéil séagissait déun lentisque. Le deuxiéme vieillard, à qui Daniel pose la méme question, évoque un chéne.

Daniel ayant prouvé que le témoignage des deux vieillards était faux, ceux-ci sont condamnés à mort et Suzanne est lavée de tout soupéon déadultére.

Et céest ainsi que Daniel devint grand devant le peuple, à partir de ce jour et dans la suite du temps

 

 

Anatomie

L'attention (frontal) est excitée agréablement (zygomatique) par un spectacle réveillant des idées lubriques (transverse). C'est la physionomie d'une téte de vieillard dans le sujet classique de éSuzanne au bainé

 LE MUSCLE FRONTAL

Il est comme une lamelle épaisse de forme quadrilatére de chaque cété du front.

Le bord inférieur du muscle frontal s'attache à la peau du sourcil.

Les fibres montent verticalement et parallélement vers la région de la racine des cheveux.

Continuent avec les fibres tendineuses de l'aponévrose épicrénienne.

Cette aponévrose double le cuir chevelu en lui adhérant.

Il se prolonge jusqu'é la région occipitale et se termine par le muscle occipital qui s'attache à la courbe occipitale supérieure.

Mécanisme du muscle frontal

Figure 1 Action du muscle frontal

Ayant une insertion fixe gréce au muscle occipital et une insertion mobile (la couche profonde de la peau du sourcil) le muscle frontal en se contractant tire cette peau de bas en haut.

Le muscle frontal est relié au muscle occipital et ensemble ils forment le muscle épicrénien.

Léensemble se poursuit par une membrane fibreuse (fascia) jusquéau platysma (peaucier du cou) réalisant une sorte de coiffe appelée SMAS (systéme musculo-aponévrotique superficiel de la face).é

Des plis transversaux apparaissent.

Le muscle frontal est le muscle de l'attention

 

 LE MUSCLE ZYGOMATIQUE

élévateur oblique externe, il prend son insertion sur l'os zygomatique et se dirige vers la face profonde de la peau de la commissure de lévres.

La ligne naso-labiale tirée dans le méme sens devient concentrique à la commissure des lévres.

La peau de la joue est ramassée vers la pommette qui devient plus saillante. En se contractant, il tire cette commissure en haut. Léouverture buccale est élargie transversalement. La ligne des lévres n'est plus rectiligne. Des plis rayonnés ou à pattes d'oie à assombrissent l'angle externe de lééil

.

Figure 2 Action du m zygomatique

 

   LE MUSCLE TRANSVERSE DU NEZ

Le muscle nasal est constitué de deux parties: le transverse du nez et le dilatateur de la narine.

Le muscle transverse du nez est le muscle de la lubricité.

Figure 3 muscle transverse du nez dissection Professeur André MORIN

 

Tableau 1 4é Liberatione castae Susannae de TZIGANOV Serge

 

 

é

 

 

 

 

 

Litterature

   L'épisode est évoqué dans Aline et Valcour, du Marquis de Sade: "Quel tableau, mon ami, que celui de la douce et vertueuse Aline, entre les mains de ces deux débauchés ! j'ai cru voir Suzanne surprise au bain par les vieillards..."

     également Suzanne et les Croétons (L'Atelier contemporain, 2013), variation mythobiographique de l'écrivain franéais Claude Louis-Combet sur ce théme.

é         On retrouve une référence à Suzanne au Bain dans le roman Mélusine de Franz Hellens, alors que le héros et Mélusine entrent dans une piéce oé se baigne une femme.

 

Film

SUZANNE ET LES VIEILLARDS (FILM, 1912).

 YOUTH

Afficher l'image d'origine

Figure 5 Film Youth Réalisé par Paolo Sorrentino Avec Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz

 

Fred et Mick, deux vieux amis approchant les quatre-vingts ans, profitent de leurs vacances dans un bel hétel au pied des Alpes. Fred, compositeur et chef déorchestre désormais à la retraite, néa aucune intention de revenir à la carriére musicale quéil a abandonnée depuis longtemps, tandis que Mick, réalisateur, travaille toujours, séempressant de terminer le scénario de son dernier film. Les deux amis savent que le temps leur est compté et décident de faire face à leur avenir ensemble.

Mais contrairement à eux, personne ne semble se soucier du temps qui passe

Vitraux

 COLLECTION PRIVéE

é         Figure 7 Coll Privée

 COLLECTION

Victoria and Albert Museum, Whiteley Galleries, Stained Glass Window Depicting the Old Testament Story of Susanna - Stock Image

Figure 8 Victoria and Albert Museum, Whiteley Galleries, Stained Glass Window Depicting the Old Testament Story of Susanna and the Elders

 VITRAIL 

      Haut de 3,90m et large de 1,90m, il est composé de trois lancettes à trois registrès  et d'un tympan à trois ajours et écoinéons .

éLa légende de la chaste Suzanne y est raconté en douze épisodes à lire de haut en bas et de gauche à droite, chaque panneau étant légendé par une inscription en lettrès gothiques.

 Cette histoire  constitue le 13e chapitre du livre de Daniel dans la Vulgate (De liberatione castae Susannae) littéralement "De la libération de la chaste Suzanne".

  Ce théme est utilisé par la Contre-Réforme comme l'image de l'église injustement calomniée, puis justifiée par Dieu aux yeux de tous. En peinture, ce théme est vu aussi comme une possibilité pour les artistes de traiter un théme érotique et de représenter Suzanne largement dénudée : ce n'est pas le cas sur les vitraux.

  Le vitrail est attribué ( R. Barrié, JJ. Rioult, Inventaire) à Michel Bayonne ou à son atelier avec une datation de 1540-1550.

  Le théme a été adapté pour le théétre religieux   comme l'atteste, dans l'inventaire d'Anne de Bretagne du 16 aoét 1495, un Accoustrement de la saincte Suzanne, suite de cinq piéces. En 1625, Jean-Pierre Camus publia Roselis ou l'histoire de Saincte Suzanne 

 

 

                                vitrail-ste-suzanne 4410c

 

 

I. Tympan.

 

  Dans l'ajour supérieur, Suzanne, entourée de ses servantes, est figurée comme l'épouse de Joakim, riche et pieux bourgeois de Babylone. On décrit son costume comme typiquement hollandais.

 L'ajour gauche la montre épiée par les vieillards alors qu'elle prend son bain. Ces vieillards ont été établis juges cette année-lé, et ces hauts personnages qui fréquentent la propriété de Joakim, se sont épris de la belle épouse. Suzanne a fait fermer les portes de son jardin et a fait préparer un bain parfumé d'huiles et d'onguent : elle se croit seule, et ignore que les vieillards se sont cachés.

L'ajour droit décrit les vieillards pressant Suzanne de céder à leur proposition, et le refus de la fidéle épouse.

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                         vitrail-ste-suzanne 5753c

 

 

II. Registre supérieur.

       Les scénes s'inscrivent sous des niches à coquille bleue teintée de jaune d'argent sur fond rouge, et sont elles-mémes couronnées de dais reposant sur des culots, et portant chacun une inscription.

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1. Comment les vieillards accusent Suzanne d'adultére

 

Vois, les portes du jardin sont fermées, personne ne nous aperéoit, et nous brélons déamour pour toi ; consens donc à notre désir et sois à nous.

Si non, nous nous porterons témoins contre toi, et nous dirons quéun jeune homme était avec toi, et que céest pour cela que tu as renvoyé les jeunes filles.

  Les deux vieillards portent tous les attributs des personnages biblique vétéro-testamentaire dont on veut souligner le judaésme : longue barbe, chapeau conique à oreillette, auméniére.

  Suzanne porte une robe damassée jaune-orangée recouverte par un très lourd tablier (restauré au XIXe ?) surchargé de gemmes. Sa coiffe est suffisamment caractéristique pour qu'un spécialiste puisse sans-doute la dater.

 

                                      vitrail-ste-suzanne 5750c

 

2. Jouachim mari de la sainte la conduit devant les vieillards.

Ils dirent devant le peuple : à Envoyez chercher brillante, fille déHelcias, femme de Joakim. à Et on envoya aussitét.

Elle vint avec ses parents, ses fils et tous ses proches.

Or Suzanne, avait les traits délicats et une grande beauté.

Comme elle était voilée, les juges méchants commandérent quéon lui étét son voile, pour se rassasier de sa beauté.

        Suzanne est face à son mari, avec son fils et sa fille, dont on observe le bonnet, rappelant celui que portaient les fillettes bretonnes. Lé encore, la coiffe de Suzanne est intéressante à observer.

 

                                    vitrail-ste-suzanne 5751v

 

3. Comment la sainte fut condamnée à étre lapidée par les vieillards.

 

 

Les vieillards dirent : à Comme nous nous promenions seuls dans le jardin, elle est entrée avec deux jeunes filles et, aprés avoir fait fermer les portes du jardin, elle a renvoyé les jeunes filles.

Et un jeune homme qui était caché est venu à elle et a fait le mal avec elle.

Nous étions dans un coin du jardin ; en voyant le crime, nous avons couru à eux, et nous les avons vus dans cette infamie.

Nous néavons pu prendre le jeune homme, parce quéil était plus fort que nous, et quéayant ouvert la porte, il séest échappé.

Mais elle, aprés léavoir prise, nous lui avons demandé quel était ce jeune homme, et elle néa pas voulu nous le dire. Voilé ce que nous attestons. é

La foule les crut, parce que céétaient des vieillards et des juges du peuple, et ils la condamnérent à mort.

       Cette scéne de foule montre comment la barbe longue et le chapeau conique participent à la stigmatisation des vieillards, puisque les cinq autrès hommes portent des visages glabres et des couvre-chefs si plats ou si ronds que c'est presque caricatural.

  Suzanne porte les mémes vétements que sur le panneau A3 initial.

 

                                     vitrail-ste-suzanne 5752c

 

 

2 . Registre moyen.

 

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4. Comment Daniel fist retornes Suzanne disant que estoit po..

 

Comme on la conduisait à la mort, Dieu éveilla léesprit saint déun jeune enfant nommé Daniel.

Il cria à haute voix : à Pour moi, je suis pur du sang de cette femme ! é

Tout le peuple se tourna vers lui et lui dit : à Que signifie cette parole que tu dis-lé ? é

Daniel, se tenant au milieu déeux, dit : étes-vous donc insensés à ce point, enfants déIsraél, de faire mourir une fille déIsraél sans examen, sans chercher à connaétre la vérité ?

Retournez au tribunal, car ils ont rendu un faux témoignage contre elle. é

  Le jeune Daniel paraét vraiment très jeune ; ses beaux cheveux blonds le démarquent des autrès, comme un signe d'élection divine, et sa robe blanche souligne son innocence et sa pureté. Suzanne est menée au supplice par deux soldats (on voit deux lances) et par des officiers à cheval. L'élégance de la riche juive de Babylone est ici encore plus manifeste, et sa coiffure peut étre détaillée : le front est épilé très en arriére, les cheveux très travaillés sont ramenés par une résille en deux macarons, et la coiffe elle-méme ressemble fort à un balzo, ce turban que j'ai détaillé ici :

 Chapelle de la Fontaine Blanche à Plougastel : le culte de la fécondité.

 

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5. Comment Suzanne fu condamnée par les vieillards.

 

Alors le peuple retourna en héte, et les anciens dirent à Daniel :

é Viens, prends place au milieu de nous, et expose-nous ton avis, car Dieu téa donné léhonneur de la vieillesse. à Daniel dit au peuple : à Séparez-les loin léun de léautre, et je les jugerai. é

Quand ils furent séparés léun de léautre, Daniel en appela un et lui dit : à Homme vieilli dans le crime, les péchés que tu as commis autrefois sont maintenant venus sur toi,

Toi qui rendais des jugements injustes, qui condamnais les innocents et reléchais les coupables, quand le Seigneur a dit : Tu ne feras pas mourir léinnocent et le juste.

Eh bien, si tu léas vue, dis sous quel arbre tu les as vus séentretenant ensemble. à Il répondit : à Sous un lentisque. é

Daniel dit à Justement tu dis un mensonge pour ta perte ; car léange de Dieu qui a déjé reéu léarrét divin va te fendre par le milieu. é

 

 

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6. Comment ....les vieillards devant la (santance)  daniel

 

Aprés léavoir renvoyé, il ordonna déamener léautre, et il lui dit à Race de Chanaan, et non de Juda, la beauté déune femme téa séduit et la passion a perverti ton céur.

Céest ainsi que vous en agissiez avec les filles déIsraél, et elles, ayant peur de vous, vous parlaient ; mais une fille de Juda néa pu souffrir votre iniquité.

Dis-moi donc maintenant sous quel arbre tu les as surpris séentretenant ensemble. é

Il dit : à Sous un chéne. à Daniel lui dit : à Justement tu as dit, toi aussi, un mensonge pour ta perte ; car léange du Seigneur attend, le glaive en main, le moment de te couper par le milieu, afin de vous faire mourir. é

Alors toute léassemblée jeta un grand cri, et ils bénirent Dieu qui sauve ceux qui espérent en lui.

 

  Autre scéne de foule (neuf personnages) dans laquelle le vieillard lubrique et malhonnéte, confronté à la vérité personnifiée par Daniel dont la jeunesse est radieuse, devient pathétique par le seul fait qu'il soit représenté téte nue, avec les cheveux clairsemés.

 

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3. Registre inférieur.

  Le soubassement de ce registre est traité au jaune d'argent en ornements de rinceaux et de dauphins.

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7. Comment les vieillards furent condamnés par Daniel.

 

    " Puis ils séélevérent contre les deux vieillards, que Daniel avait convaincus par leur propre bouche déavoir rendu un faux témoignage, et ils leur firent le mal quéeux-mémes avaient voulu faire à leur prochain ;afin déaccomplir la loi de Moése, et ils les firent donc mourir, et le sang innocent fut sauvé en ce jour-lé. "

                           vitrail-ste-suzanne 5758c

 

 

8. Comat dy maines les deulx villars.

 

 

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9. Comment les viellars furent lapidez par la santance Daniel.

 

Helcias et sa femme louérent Dieu au sujet de leur fille Susanne, avec Joakim, son mari, et tous ses parents, parce quéil ne séétait trouvé en elle rien de déshonnéte.

Et Daniel devint grand devant le peuple, à partir de ce jour et dans la suite des temps.

Le roi Astyage ayant été réuni à ses péres, Cyrus le Perse reéut le royaume.

 

 

vitrail-ste-suzanne 5760v

 

 

Peintures

GERRIT VAN HONTHORST

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/fb/Gerrit_van_Honthorst_cat01.jpg/400px-Gerrit_van_Honthorst_cat01.jpg

é         Figure 9 Suzanne et les vieillards par Gerrit van Honthorst Gherardo delle Notti (é Gérard des Nuits é)1590-1656[1]

GIUSEPPE BARTOLOMEO CHIARI

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/bc/Giuseppe_Bartolomeo_Chiari_-_Susannah_and_the_Elders_-_Walters_371880.jpg/290px-Giuseppe_Bartolomeo_Chiari_-_Susannah_and_the_Elders_-_Walters_371880.jpg

  Figure 10 Suzanne et les vieillards par Giuseppe Bartolomeo Chiari. The Walters Art Museum.

     ALTDORFER - SUZANNE AU BAIN ET LA LAPIDATION DU VIEILLARD

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/8b/Albrecht_Altdorfer_037.jpg/290px-Albrecht_Altdorfer_037.jpg

Figure 11 Suzanne au bain par Albrecht Altdorfer, Alte Pinakothek, Munich

 

 PIETRO DELLA VECCHIA

éDe son vrai nom Pietro Muttoni à

Suzanne et les vieillards Venise, Ca' Rezzonico[2] 

PIERRE-NICOLAS BEAUVALLET - 1750 - 1818

http://cartelfr.louvre.fr/pub/fr/image/x200_3545_s0000983.001.jpg

Figure 12 Suzanne au bain Marbre daté 1813 Le modéle en plétre H. : 1,44 m. ; L. : 0,75 m. ; Pr. : 0,98 m.

éfut présenté au Salon de 1810.

 

 

  JEAN BONDOL - SUZANNE ET LES VIEILLARDS

Suzanne et les vieillards (P Comestor Bible historiale) - Jean Bondol

Figure 13

Cette notice fait partie déune série :Petrus Comestor, Bible historiale, Meermanno Koninklijke Bibliotheek, La Haye

(piéce ou né 90 / 105)

Datation : 1372:

Porte / Quatriéme mur

Nature de léimage : Enluminure

Dimensions :  Hauteur 7,6 * Largeur 6,9 cm

Lieu de conservation :La Haye, Meermanno Koninklijke Bibliotheek, Den Haag, MMW, 10 B 23 fol. 425 ré

 

 VALENTIN DE BOULOGNE - DIT LE VALENTIN COULOMMIERS (SEINE-ET-MARNE), 1591 - ROME, 1632

http://cartelfr.louvre.fr/pub/fr/image/33046_01006531.jpg

Figure 14 L'Innocence de Suzanne reconnue vers 1625 H. : 1,75 m. ; L. : 2,11 m.

 

 

 LOUIS CARRACHé - ANNIBALE CARRACCI SUSANNA à I GUARDONI

Suzanne avec les vieillards - d�apr�s Louis Carrache

Figure 15  Sous la gravure, à gauche à Peint par Louis Carraché é, au centre à Dessiné par Borel é, à droite à Gravé par AL. Romanet à Dessous, on peut lire : SUSANNE AVEC LES VIEILLARDS De la Galerie de S. A. S. Monseigneur le Duc déOrléans. A. P. D. R. ECOLE DE LOMBARDIE. IIe TABLEAU DE LOUIS CARRACHE Peint sur Toile, ayant d ehauteur 4 Pieds 8 Pouces, sur 3 Pieds 8 Pouces de large

 

 

   GIUSEPPE CESARI - SUZANNE ET LES VIEILLARDS (1590)

Suzanne et les vieillards - Cesari

Figure 16

Peintre ou Dessinateur :Chevalier déArpin, Giuseppe Cesari dit le (1568 ou 1560-1640)

Datation : 1590   (date conjecturale)

Lieu de conservation : Meaux, Musée Bossuet

ARTEMISIA GENTILESCHI - SUZANNE ET LES VIEILLARDS (1610)

Suzanne et les vieillards

Figure 181610, coll. Schonborn, Pommersfelden.

 

          Voici une éuvre qui conduit le drame à léessentiel. Artemisia Gentileschi, au demeurant bien jeune, assimile avec retenue le double héritage des leéons véristes du Caravage et de la peinture claire des Carrache.

Rigueur et sobriété, construction et vérité.

          Dans ce tableau marqué par une puissante diagonale, Suzanne occupe les deux-tiers de léensemble, laissant aux vieillards le dernier tiers supérieur. Cette division horizontale se double déune illusion de champ avec le rebord de pierre sur lequel la baigneuse est assise. Celui-ci déborde du simple réle de repoussoir visant à accuser la profondeur et structure les principaux plans du récit. La lecture, sans faire léobjet déanacoluthe, pourrait ainsi se lire de bas en haut, chacune des séquences correspondant à un tiers de la composition, avec la figure de Suzanne comme élément central, laquelle opére un raccourci espace-temps.

 fig.1

   Fig.1

          Premiére séquence : Suzanne sortant du bain avec  ce mouvement   ascensionnel créé par le chevauchement des jambes et la torsion de léensemble du bassin qui valide la lecture déun épisode autonome. Mais les muscles, tendus par un effort désordonné, trahissent une vive émotion et le linge blanc qui séenroule encore mollement semble  prét à glisser le long de la cuisse (fig.1).

 

fig.2

        Fig.2

         Seconde séquence : la violente intrusion des vieillards a jeté léeffroi chez Suzanne, effroi qui séinscrit dans la gestuelle par le biais déun contrapposto si brutal quéil désarticule le modéle (fig.2).

           Cette séquence centrale  constitue bien la quintessence visuelle de léépisode : loin de léélégante douceur serpentine de Raphaél, la figure de Suzanne expose son malheureux corps à léavidité des  regards. De fait,  notre héroéne est une femme désirable avec cette chevelure ondulée et dénouée, ces courbes toutes de rondeurs épanouies  jusquéé ces plis encadrant léabdomen qui soulignent la suavité des chairs. Alors que Lorenzo Lotto (1) avait choisi la représentation déun modéle archaéque (femme au fond peu voluptueuse parce que réduite à la thématique symbolique), et quéAlessandro Allori nous montrait sans guére de retenue la concrétisation déévidents fantasme nés du récit (2, fig.3), Gentileschi   associe les données : tout en peignant le traumatisme déune femme harcelée dans sa féminité, elle assume pleinement  léérotisme inhérent au personnage. Le mouvement de ses bras indique non seulement  quéelle a renoncé à préserver ce qui lui reste de pudeur mais aussi quéelle cherche  à ne pas entendre les chuchotements sinistrès de ses agresseurs. Ainsi, toute la partie centrale qui décrit le  corps comme objet de convoitise  nous renvoie à la séquence supérieure qui énonce léesprit, tourmenté par cette parole annonciatrice de léacte.

 fig.3

 Fig.3

 fig.4

 Fig.4

         Troisiéme séquence: le chantage des vieillards  menaéant de faire comparaitre de faux témoins en cas de résistance (fig.4). Sordide complot à léencontre des plus démunis. Céest ici le temps oé la parole  devient ce glaive invisible  qui lui meurtrit le cou au point de faire ployer la téte, et Suzanne, dans sa déchéance, rejoint symétriquement  la figure déAdam  de la Sixtine. Les mains dessinent un parallélogramme dont le cété supérieur manifeste léagression et le coté  inférieur  exprime ce mélange de  refus et de défense. Mais il existe une autre figure géométrique et si léon préte attention à ce quadrilatére élargi par la main gauche du protagoniste qui se penche sur son acolyte, on peut trouver les clefs du drame : en premier lieu, léexpression  de léacte sexuel avec cette main qui séemboite à distance avec celle de Suzanne (fig.5 et 6), ensuite le point central constitué par léindex qui de faéon péremptoire appelle au silence. Pour accentuer léidée déintrusion, Gentileschi prend déailleurs soin de placer la téte du comploteur dans la partie supérieure de ce quadrilatére.  

fig.5

 Fig.5

      fig.6   

 Fig.6

         Tout entiére soumise à la trame du récit, lééconomie formelle des moyens se retrouve dans la sobre utilisation des couleurs, porteuses de significations symboliques. Surface dominée par des tonalités froides oé   les chairs blémes, comme surexposées à une lumiére trop crue, se détachent sur le fond grisétre de la pierre, analogie muette de la solitude et de léépreuve (3). Opposition classique du rouge et du blanc. Et le ciel, déun bleu délavé, suggére timidement une  promesse de salut.

                                                   

           Harcélement, violence, lécheté, loi du silence : ce sont bien les termes du viol que léon retrouve ici et ils résonnent avec des accents prémonitoires car, lorsquéelle peint Suzanne et les vieillards  dans léatelier romain de son pére Orazio,  Artemisia Gentileschi  alors égée de dix-sept ans, néa pas encore été la proie des  outrages  déAgostino Tassi et du lamentable procés qui suivit. Les actes qui nous sont parvenus témoignent de léhumiliante et sordide procédure qui devait prouver son statut de victime. Eternelle histoire  du sexe faible, coupable de léinnocence. Depuis, et céest justice, cette figure est progressivement devenue une icéne de la sensibilité féministe, et certains observateurs néont déailleurs pas toujours su éviter une lecture trop littérale de son éuvre en mettant en exergue la fréquence du théme vengeur de Judith tranchant la téte déHolopherne.

          Mais je voudrais simplement finir  par un silence, ce vrai silence qui demeure celui de la compassion pour Artemisia et de léadmiration pour cette peinture de  vérité.

Notes

1. 1517, Florence, Offices.

2. 1561, Dijon, Musée Magnin,

3. Les rinceaux qui apparaissent  derriére Suzanne peuvent aussi évoquer la palme des martyrs

 

 

  FRANCESCO HAYEZ - SUZANNE AU BAIN

hayez

 Admirable tableau. Il fallait  oser une partition si résolument binaire de la structure verticale. Dans cette opposition qui prend la forme déun diptyque déombre et de lumiére,  Hayez traduit déun seul trait, dessiné par léaréte du mur, léantagonisme  des grands mythes fondateurs (vie-mort, bien-mal).Dans la partie droite, à mesure que lééil séaccoutume à la pénombre, nous distinguons les eaux dormantes du bassin et cet arc en plein cintre qui, tout en  cléturant léespace comme un mur de scéne, prolonge cette impression déabéme. La jambe gauche, dans son oblique,  unifie les deux ensembles, non seulement dans le mouvement mais aussi dans son traitement : le rendu des carnations se rapproche déun certain idéal classique tandis que celui de la plante des pieds (traces déusure et de salissure sur le talon et à léendroit des os métatarses) renvoie  à des préoccupations réalistes.  

Dans ce geste  de protection (repli hétif de la main qui presse le linge sur le sein) et cette expression qui refléte la lueur déune crainte, Suzanne séapparente  aux figures de ces annonciations  qui mettent léaccent sur la conturbatio de la vierge,  mélange déétonnement et déinquiétude à la vue de léange Gabriel (fig.1).

  hayez-fig1

Le lien avec la vierge ne se limite déailleurs pas au seul rapprochement psychologique et peut offrir  une intéressante lecture du personnage. Dans le texte de Daniel, il est précisé que Suzanne, jeune femme déune grande beauté, a épousé un certain Joakim, Juif issu de la déportation à Babylone, devenu très riche, sans doute par le commerce, et jouissant déune certaine autorité dans sa communauté. Les épisodes comme  Suzanne au bain ou Suzanne et les vieillards  décrits par les artistes ne nous montrent donc pas une vierge mais une épouse dont le mariage est censé étre consommé au moment des faits. On connait pourtant une troisiéme mouture sous léappellation de chaste Suzanne comme en témoigne une abondante production de toutes les époques avec bien sér  Rembrandt mais aussi, plus proche de Hayez, Chassériau, Henner ou encore  Moreau. Au reste, que signifie étre chaste ? Pour faire simple, prenons les usuels. Dans le Robert, le terme est sans équivoque : à qui séabstient volontairement des plaisirs sexuels é.Le Larousse, tout en acceptant cette définition, en énonce une autre, dont les contours plus flous accusent le manque de lisibilité : à qui respecte les régles de la pudeur, de la décence é.Déautant moins lisible que le Larousse en question, à propos du mot chasteté, aprés avoir mentionné son étymologie (du lat. castitas : pureté)en revient à la définition usuelle : à fait de séabstenir des plaisirs charnels, par conformité à une morale é.Voici donc un terme pour le moins explicite mais dont les enjeux du signifié débordent largement du vocable. Quels enjeux ?

Malgré sa nature plus ou moins apocryphe, léiconographie relative à Suzanne, largement diffusée à partir de la Contre-Réforme répond à des préoccupations didactiques évidentes. Depuis saint Augustin, léexégése des docteurs de léEglise a privilégié deux directions principales. Sur un registre proprement théologique déabord, les rapprochements incessants entre les textes visent à démontrer  que  léAncienne Alliance, trouve son  accomplissement dans la Nouvelle Alliance avec la figure du Christ, rédempteur universel, et dont  léEglise reste léunique dépositaire. Toutes ces correspondances qui validaient la nécessaire  dimension historique des sources du messianisme trouvent un  prolongement sur un autre registre. LéEglise, parce quéelle revendique le statut de Nouvelle Epouse, entend désormais placer la femme dans le schéma antithétique de la sainte ou de la pécheresse : La sainte, dans son asexualité (combien de saintes, méres de familles ?) et la pécheresse, réduite aux seuls excés de la chair. Question qui se résume au fond à léacceptation pleine et entiére de son propre corps. A ce titre, léinterprétation autorisée du  Cantique des Cantiques, a valeur déexemple : aprés avoir oblitéré léindéniable dimension  érotique de cet échange amoureux, léEglise met en exergue léexpression  symbolique de la relation entre léhomme et Dieu au sein de son institution. Cette entreprise de démolition systématique de léamour physique a naturellement entrainé sur le plan iconographique un oubli manifeste pour le Cantique des Cantiques.

     

          Dans son ambivalence, Suzanne se retrouve à la confluence de ces spéculations théologiques et devient léexpression métaphorique de léEglise renaissante et triomphante. On peut ainsi observer dans la forét située à léarriére plan, les rejets (Nouvelle Alliance) qui poussent sur de vieux troncs (Ancienne Alliance).Cet accomplissement séappuie sur la thématique obligée du passage, en conséquence du baptéme. Les eaux dormantes, presque noires, renvoient donc à la mort baptismale, condition préalable du catéchuméne déaprés saint Cyrille(6).

 

          Que reste-il alors de Suzanne, en tant que femme ? Le tableau de Hayez exprime ce conflit entre  le statut déépouse profane et celui déépouse sacrée (entendue au sens de préfiguration-personnification).         La présence des symboles traditionnels du mariage témoigne déailleurs des contradictions et obscurcit la lisibilité psychologique. Ainsi, le lierre, signe  de fidélité, offre une interprétation équivoque : fidélité conjugale ou allusion christique ? Mais ce sont les cheveux dénoués (marque des jeunes filles et non des épouses) qui signifient peut étre le mieux léambigéité du sujet. Plutét que léexpression déune pudeur mise à mal par la lubricité des vieillards, je crois deviner la manifestation déune séparation symbolique avec Joakim. A léimage de ces cheveux qui se défont, les liens terrestrès du mariage néont plus de raison déétre. Au nom de considérations théologiques, il semblerait donc que la reconnaissance juridique de léinnocence de Suzanne lors du jugement de Daniel, ait entrainé, par analogie, un glissement progressif vers la chasteté méme de Suzanne. Le linge blanc  que presse  fébrilement léhéroéne renvoie ainsi à tout le champ lexical de cette notion dont les institutions ecclésiastiques et le droit canon ont su décliner les nuances : abstinence, pudeur, continence, pureté, virginité etc. En définitive, pour rejoindre le cortége des saintes et afin déassumer la charge symbolique ecclésiale,  notre Suzanne aux cheveux dénoués séapparente bien à ces éternelles icénes dont la chasteté séest transformée en virginité.

éBien  évidemment, lorsquéen 1850 Francisco Hayez peint ce tableau, le théme de Suzanne séest depuis longtemps  dilué dans la scéne de genre,   au point de se confondre avec celui de la toilette de Venus ou de Diane au bain (7) et malgré léindéniable renouveau de la peinture religieuse dans les premiéres décennies du XIXe siècle, il semble difficile de le rattacher directement à cette sensibilité (8). Il séinscrit plutét dans la tradition des peintrès de Salon dont chaque tableau assure le renouvellement de léélan créatif et affirme léindividualité de ces auteurs. Mais puisquéil se trouve quéune part non négligeable de sa production reléve précisément du genre religieux, il nous faut bien léaborder en tant que tel. De le Contre-Réforme au Printemps des peuples, cette peinture religieuse a naturellement connu une inéluctable autonomie, autant dans léinspiration que dans léinterprétation,  et malgré le maintien déune surveillance, au demeurant bien légitime, mais encore pointilleuse de la part des  autorités ecclésiastiques vis-é-vis de la peinture décorative destinée aux églises (la fresque mais aussi le tableau déautel  constituant les supports privilégiés), le tableau de chevalet, dont la mobilité du support favorise une lecture plus souple et plus directe, ne tarde pas  à séaffranchir de la rigidité multiséculaire du cadre institutionnel.  Mais ne nous trompons pas  sur les termes. Avec cette Suzanne au bain, je vois bien plus quéune licence iconographique ou un simple prétexte pour autoriser une éniéme représentation de nu féminin. Aussi, Hayez, qui déplace le mythe des origines vers celui de léidentité, nous renvoie à une double approche. Déune part, la classique maturation du théme par le processus déassimilation (syncrétisme iconographique qui assume les différentes   strates culturelles) qui dans le domaine des arts se rapproche du concept  de léiconologie décrit par Erwin Panofsky. Déautre part, et céest ici davantage le legs de Jung (pour la lecture déun inconscient collectif au travers du mythe) mais aussi celui de Georges Bataille (pour léirrévérence salvatrice de son contenu subversif), le vaste chantier expérimental de la psychologie des profondeurs.

 

 JACOB JORDAENS - SUZANNE ET LES VIEILLARDS

 

Jacob Joardens, Suzanne et les vieillards

Figure 19 Suzanne et les vieillards; au musée de Lyon

 

     LE TINTORET

Tintoret a peint quatre versions de Suzanne et les vieillards :

Une premiére au musée du Louvre (v. 1550),

éAppelée Suzanne au bain qui provient des collections de Louis XIV ;

http://cartelfr.louvre.fr/pub/fr/image/x200_24236_p0007311.001.jpg

Figure 20 Collection de Louis XIV, acquis du marquis d'Hauterive en 1684

é          

é6.13.2            éUne deuxiéme au Prado à Madrid (1555) ;

éla Suzanne du Prado, implique des vieillards plus entreprenants qui ne semblent guére géner léhéroéne. Lé encore, Eros se joint à léesprit satyrique du peintre. Un des vieillards pose sa main sur un des seins de Suzanne. Léautre fait mine de séapprocher en avanéant une de ses mains.

 

 

é6.13.3            éUne troisiéme au Kunsthistorisches Museum de Vienne (1555-56), la plus connue ;

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/12/Jacopo_Robusti%2C_called_Tintoretto_-_Susanna_and_the_Elders_-_Google_Art_Project.jpg/290px-Jacopo_Robusti%2C_called_Tintoretto_-_Susanna_and_the_Elders_-_Google_Art_Project.jpg

Figure 21 Suzanne et les vieillards, 1555-1556 par le Tintoret, Kunsthistorisches Museum de Vienne

 

La Suzanne de Vienne montre un corps imposant et beau protégé par une haie couverte de roses. Les vieillards cachés et visibles se servent de cet écran végétal pour inciter le voyant à regarder ce quéils souhaitent voir.

 

é6.13.4            Une derniére à la National Gallery de Washington (v. 1575).

Tintoret fait de Suzanne une déesse grecque, une Vénus à sa toilette, une baigneuse. Il se sert de cette figure pour condenser plusieurs récits de femmes : Bethsabée au bain charmant David et Diane au bain épiée par Actéon. Déailleurs, dans la Suzanne de Vienne, au second plan à gauche au-dessus du vieillard voyeur à terre, nous apercevons un cerf. Serait-ce lé léindice déune future métamorphose pour ce vieillard trop entreprenant ?

 

 

Les représentations (1.3.4) de Tintoret mettent en scéne des vieillards à distance, tentant des poses comiques pour voir léintimité de Suzanne. Tintoret glisse ici et lé des réflexions sur la vision, sur le voyeurisme du peintre vis-é-vis de son modéle et sur les désirs des voyants.

 

A part celui du Prado, les vieillards ne semblent pas épier directement Suzanne. Ils regardent vers la forét, par terre, dans des positions oé paraét impossible la vision du corps nu de Suzanne. Les vieillards sont lé pour indiquer quéil y a quelque chose à voir : ils sont les panneaux de signalétique amusés de Tintoret pour dire aux voyants que Suzanne est le céur du désir, la beauté du voir, le goét du toucher.

Le voyant séapproche donc, séappréte à toucher Suzanne et une alarme muséale sonne. Un gardien accourt : vous vous étes trop approché, Suzanne est bien gardée ! Tintoret cueille le jour de Suzanne à sa toilette.

       à La distance physique quéimpose le rosier entre les voyeurs et la jeune femme, véritable écran de séparation qui protége les vieillards autant quéil les maintient loin de léobjet de leur convoitise, donne à voir concrétement cette douleur propre au désir amoureux inassouvi.

La vision donne "envie" comme le suggére la parenté étymologique entre "invidia" et "videre". é

 

 

é6.14      JAN MATSYS - JAN MASSYS

Anvers - franc-maétre à Anvers en 1531 - 1575?

Musée royaux des beaux-arts de Belgique Chéne Date dans le bas à droite : 1567 Dimensions : 162 x 222

 

Jan Massys : Suzanne et les vieillards

Figure 22 Suzanne et les vieillards

é6.15      LORENZO LOTTO - SUZANNE AU BAIN

Suzanne au bain - Lorenzo Lotto

Figure 23

 

Lorenzo Lotto réalise une composition à mi-chemin entre le dispositif narratif et le dispositif scénique. Les paroles des personnages sont inscrites dans les phylactéres quéils brandissent. Au fond, sur la gauche, Suzanne revient seule de la porte du jardin, oé elle a accompagné sa servante, partie pour une course en ville. Léimage se divise en trois espaces concentriques: en haut, léespace vague est occupé à gauche par les remparts de la ville (deux silhouette séy dirigent), à droite par un chemin qui se perd dans le lointain (deux autrès silhouettes y cheminent). Au centre, le jardin est clos par une premiére ceinture de murs. Au premier plan enfin, le bain dans le jardin est lui aussi clos de murs.         Au premier plan, léhomme vétu de rouge descend les marches du bain et fait à Suzanne ses propositions honteuses, qui correspondent à la premiére ligne du phylactére de droite. Le geste théétral du bras gauche écarté, paume ouverte sur le dessus, redouble le sens signifié sur le phylactére. à gauche, Suzanne refuse : le geste de la main droite exprime théétralement la dénégation qui est signifiée sur le phylactére de gauche. Enfin, au centre, léhomme vétu de mauve prononce la deuxiéme phrase du phylactére de droite. Tourné vers les deux valets qui apparaissent à la porte du bain, il leur désigne déun doigt accusateur Suzanne comme coupable.         On peut lire cette image de faéon narrative : en haut, les habitants de la maison séen vont à leurs occupations. Au centre, Suzanne est restée seule. En bas à gauche elle est agressée. à droite, elle est accusée.         Mais léimage peut se lire également comme un dispositif déécran : le mur du bain délimite léespace restreint de la scéne, dans lequel les deux valets font irruption : comme nous ils voient ce quéil ne faudrait pas voir, la proposition malhonnéte des vieillards (Lotto condense ici le récit biblique : céest en principe au tribunal que les vieillards portent leur accusation, non pris sur le fait dans le bain de Suzanne). Léirruption dans léespace restreint matérialise la transgression de léinterdit du regard constitutive de la scéne et métaphorise le regard du spectateur sur la toile. Les valets ne distinguent la nudité de Suzanne quéau-delé des vieillards interposés. Les vieillards font écran. Leurs corps épousent la diagonale du tableau, séparant à gauche ce qui est donné à voir, Suzanne, et à droite ceux qui regardent, les valets.

Signé et daté en bas sous la draperie rouge : à Lotus pictor 1517 à Sur le phylactére du vieillard, on peut lire à la premiére ligne à Ni nobis assenties testimonio nostro peribis é, si tu ne nous cédes pas, tu mourras par notre témoignage ; sur celui de Suzanne, à Satius duco mori quam peccare é, Plutét mourir que pécher; sur la deuxiéme ligne du phylactére du vieillard, à Vidimus eam cum juvene commisceri é, nous léavons vue se commettre avec un jeune homme.

2. Le tableau fut exécuté durant le séjour de Lotto à Bergame.

é6.16      PINTURICCHIO -PINTURICCHIO, BERNARDINO DI BETTO DIT LE (1454-1513)

Histoire de la chaste Suzanne - Pinturicchio

Figure 24 histoire de la chaste Suzanne

 Au fond à gauche, Suzanne est emmenée pour étre jugée. Au fond à droite, les deux vieillards attachés dos à dos sont lapidés.

 

 

 

é6.17      GIOVANNI BATTISTA PITTONI - SUZANNE ET LES VIEILLARDS

 

Suzanne et les vieillards:

Figure 25

 

é6.18      REMBRANDT -

é         Figure 26 Rembrandt Suzanne au bain

 

é         Figure 27 Rembrandt

é6.19      ANNIHILE CARRACCIé SUSSANNAé Eé Ié GUARDONI

é         Figure 28 Annihile Carraccié Sussannaé eé ié guardoni

 

é6.20      PIERRE PAUL RUBENS - SUZANNE ET LES VIEILLARDS (1608)

http://www.aparences.net/wp-content/uploads/rubens-susanne-et-vieillard.jpg

Figure 29Suzanne et les vieillards, 1609-1610, Pierre Paul Rubens, (Madrid, Academia de Bellas Artes de San Fernando). Dans cette éuvre, Rubens offre la méme image charnelle, sensuelle et iconique de la femme, pour toujours léhéroéne de ses tableaux.

Le lyrisme, lééloquence et la sensualité que léon trouve dans toute lééuvre du peintre apparaissent dans ses premiéres compositions des années 1600, comme dans la à Susanne et les vieillards é. Ce goét pour les formes opulentes et les nus généreux, cette vitalité et ce panthéisme se feront, vers la fin de sa carriére, plus intimes dans les portraits de son dernier amour, Héléne Fourment. Les hommes et les femmes de Rubens semblent sortis déune race de géants, qui rappellent les nus de Michel-Ange, le génie que Rubens a tant observé et copié pendant sa visite à la Chapelle Sixtine.

é6.21      HANS SCHéPFER (IT) - SUZANNE ET LES VIEILLARDS

, Alte Pinakothek

 

é6.22      JEAN-FRANéOIS DE TROY - SUZANNE ET LES VIEILLARDS 1727

Suzanne et les vieillards (version de Rouen) - Jean-Fran�ois de Troy

Figure 30

FRANéOIS DE TROY (1645 - 1730) | 891.3

DATE : 1727 | TECHNIQUE : HUILE SUR TOILE

Don Jules Maciet

Dans ce tableau pour cabinet déamateur, le théme biblique de Suzanne à sa toilette surprise par deux vieillards est plaisamment détourné : loin de réagir à léemprise du vieux qui porte la main sur elle, Suzanne se laisse voir et se mire dans léeau. La pose lascive déune déesse fluviale et la culbute de deux amours sous la vasque rocaille cultivent également lééquivoque. Jean-Franéois de Troy suit le vent de liberté qui, depuis la Régence, porte au libertinage. De grande culture, sa mise page et sa palette rappellent Véronése tandis que le ses lourds tissus et la qualité des blancs tirent une leéon du Guerchin.

é6.23      ANTOINE VAN DYCK - SUZANNE AU BAIN

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/63/Anthonis_van_Dyck_053.jpg/800px-Anthonis_van_Dyck_053.jpg

Son grand succés a contraint van Dyck à entretenir un grand atelier éLondres, un atelier qui allait devenir à virtuellement une ligne de production pour les portraits é6. Selon certains visiteurs, il faisait généralement un dessin sur papier qui était ensuite agrandi sur une toile par un assistant, puis il peignait lui-méme la téte, les vétements étant faits par des peintrès de l'atelier et souvent envoyés à des spécialistes. Dans ses derniéres années, le fait de si fréquemment faire appel à des collaborateurs a entrainé une certaine diminution de la qualité du travail1. En outre, de nombreuses copies étaient produites, sans qu'il intervienne ou presque, par son atelier ainsi que par des copistes professionnels et plus tard des peintres, ce qui explique qu'à la fin du xixe siècle le nombre de tableaux qui lui étaient attribués était devenu énorme, comme ce fut le cas pour d'autres artistes tels que Rembrandt, Le Titien et d'autres. Cependant, la plupart de ses adjoints et les copistes ne pouvaient pas approcher le raffinement de son style, de sorte que, par rapport à de nombreux autre artistes, les historiens de l'art sont assez facilement parvenus à un consensus sur les oeuvres pouvant lui être attribuées.

  CARLE VAN LOO - LA CHASTE SUZANNE

La Chaste Suzanne - Scorodoumov d�apr�s Carle Vanloo

Peintre ou Dessinateur : Van Loo, Carle

Graveur : Scorodoumov, Gavrila Ivanovitch (1755-1792)

Cette notice fait partie d'une série : Paris, Salon de 1765  (pièce ou né 3 / 261)

Datation : entre 1765 et 1776

Nature de l'image : Gravure sur cuivre

Lieu de conservation : Vienne, Albertina Museum, DG29604 (F II 45, fol. 12)

Diderot, Salon de 1765, article VANLOO

Tableau de 7 pieds 6 pouces de haut, sur 6 pieds 2 pouces de large.

On voit au centre de la toile la Suzanne assise ; elle vient de sortir du bain. Placée entre les deux vieillards, elle est penchée vers celui qui est à gauche, et abandonne aux regards de celui qui est à droite son beau bras, ses belles épaules, ses reins, une de ses cuisses, toute sa téte, les trois quarts de ses charmes. Sa tête est renversée. Ses yeux, tournés vers le ciel, en appellent du secours ; son bras gauche retient les linges qui couvrent le haut de cuisses ; sa main droite écarte, repousse le bras gauche du vieillard qui est de ce cété. La belle figure ! la position en est grande ; son trouble, sa douleur, sont fortement exprimés ; elle est dessinée de grand goût ; ce sont des chairs vraies, la plus belle couleur, et tout plein de vérités de nature répandues sur le cou, sur la gorge, aux genoux. Ses jambes, ses cuisses, tous ses membres ondoyants sont on ne saurait mieux placés. Il y a de la grèce sans nuire à la noblesse ; de la variété sans aucune affectation de contraste. La partie de la figure qui est dans la demi-teinte est du plus beau faire. Ce linge blanc, qui est étendu sur les cuisses, reflète admirablement sur les chairs ; c'est une masse de clair qui n’en détruit point l'effet ; magie difficile qui montre et l'habileté du maître et la vigueur de son coloris.

Le vieillard qui est à gauche est vu de profil. Il a la jambe gauche fléchie, et de son genou droit il semble presser le dessous de la cuisse de la Suzanne. Sa main gauche tire le linge qui couvre les cuisses, et sa main droite invite Suzanne à céder. Ce vieillard a un faux air de Henri IV. Ce caractère de tête est bien choisi ; mais il fallait y joindre plus de mouvement, plus d'action, plus de désir, plus d'expression. C'est une figure froide, lourde, et n'offrant qu'un grand vétement raide, uniforme, sans pli, sous lequel rien ne se dessine. C'est un sac d’où sortent une tête et deux bras. Il faut draper large, sans doute ; mais ce n'est pas ainsi.

L'autre vieillard est debout, et vu presque de face. Il a écarté avec sa main gauche tous les voiles qui lui dérobaient la Suzanne de son cété. Il tient encore ces voiles écartés. Sa droite et son bras étendus devant la femme ont le geste menaçant. C'est aussi l'expression de sa tête. Celui-ci est encore plus froid que l'autre. Couvrez le reste de la toile, et cette figure ne vous montrera plus qu'un pharisien qui propose quelque difficulté à Jésus-Christ.

Plus de chaleur, plus de violence, plus d'emportement dans les vieillards, auraient donné un intérét prodigieux à cette femme innocente et belle, livrée à la merci de deux vieux scélérats. Elle-méme en aurait pris plus de terreur et déexpression ; car tout séentraéne. Les passions sur la toile séaccordent et se désaccordent comme les couleurs. Il y a dans léensemble une harmonie de sentiments comme de tons. Les vieillards plus pressants, le peintre eét senti que la femme devait étre plus effrayée, et bientét ses regards auraient fait au ciel une tout autre instance.

On voit à droite une fabrique en pierre grisétre. Céest apparemment un réservoir, un appartement de bain. Sur le devant un canal déoé jaillit vers la droite un petit jet déeau mesquin, de mauvais goét, et qui rompt le silence. Si les vieillards avaient eu tout léemportement imaginable et la Suzanne toute la terreur analogue, je ne sais si le sifflement, le bruit déune masse déeau séélanéant avec force, néaurait pas été un accessoire très vrai.

Avec ces défauts, cette composition de Vanloo est encore une belle chose. De Troy a peint le méme sujet. Il néy a presque aucun peintre ancien dont il néait frappé léimagination et occupé le pinceau ; et je gage que le tableau de Vanloo se soutient au milieu de tout ce quéon a fait. On prétend que la Suzanne est académisée ; serait-ce quéen effet son action aurait quelque apprét, que les mouvements en seraient un peu trop cadencés pour une situation violente ? ou serait-ce plutét quéil arrive quelque fois de poser si bien le modéle, que cette position déétude peut étre transportée sur la toile avec succés, quoiquéon la reconnaisse ? Séil y a une action plus violente de la part des vieillards, il peut y avoir aussi une action plus naturelle et plus vraie de la Suzanne. Mais telle quéelle est, jéen suis content ; et si jéavais le malheur déhabiter un palais, ce morceau pourrait bien passer de léatelier de léartiste dans ma galerie.

Un peintre italien a composé très ingénieusement ce sujet. Il a placé les deux vieillards du méme cété. La Suzanne porte toute sa draperie de ce cété, et pour se dérober aux regards des vieillards, elle se livre entiérement aux yeux du spectateur. Cette composition est très libre, et personne néen est blessé. Céest que léintention évidente sauve tout, et que le spectateur néest jamais du sujet.

    Depuis que jéai vu cette Suzanne de Vanloo, je ne saurais plus regarder celle de notre ami le baron déHolbach. Elle est pourtant du Bourdon.

Cette Suzanne de Vanloo néest point vendue. On pourrait léavoir, je crois, pour quatre ou cinq mille francs ; mais il néy aurait guére de temps à perdre

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Bibliographie : Diderot, Salon de 1765, éd. E. M. Bukdahl, A. Lorenceau, G. May, Hermann, 1984, né3 aprés p. 30. Texte p. 35

é6.25      PAUL VéRONèSE - SUZANNE AU BAIN

 

 EUGéNE DELACROIX - SUZANNE ET LES VIEILLARDS (éTUDE)

  Figure 31 Delacroix etude Palais des beaux-arts de Lille

 

 JOSEPH BERNAT FLAUGIER - SUZANNE ET LES VIEILLARDS (1800)

é          Suzanne et les vieillards, J.B. Flaugier, 1800

Suzanne et les vieillards, J.B. Flaugier,

 

THéODORE CHASSéRIAU - SUZANNE ET LES VIEILLARDS (1856)

 

Peintre français (Santa Bérbara de Samané, Haiti, 1819   Paris 1856).

Son père, envoyé de France à Saint-Domingue, redoutant les séditions des Noirs pour sa femme et ses enfants, les installa à Paris en 1822

En 1831, Chassériau entra dans l'atelier d'Ingres, qui, dés la premiére heure, comprit les dons exceptionnels de cet adolescent, qu'il désira emmener à Rome quand il fut nommé directeur de l'Académie de France en 1834 ; mais la géne pécuniaire obligea le jeune éléve à remettre ce voyage. Il fut alors livré à lui-méme, mais, à quinze ans, il était déjé en possession de son métier et lié aux artistes et aux écrivains les plus en vue. Le Salon de 1836 reéut de lui 6 peintures ; 4 d'entre elles à des portraits à sont maintenant au Louvre : la Mére de l'artiste, Adéle Chassériau, Ernest Chassériau, lePeintre Marilhat. Le succés remporté au Salon de 1839 (Vénus marine et Suzanne au bain, Louvre) lui valut une commande dont le gain permit son départ pour l'Italie. Il séjourna six mois à Rome et à Naples. De cette époque date le prodigieux Portrait de Lacordaire (1840, Louvre). En retrouvant Ingres, il s'aperéut de leur dissension. La morbidesse, le charme ambigu, le frémissement coloré des figures de Chassériau, caractéres dus sans doute à ses origines créoles, parurent au maétre, autoritaire et partial, autant de traits d'insoumission à sa doctrine. Pourtant, soit que sa formation initiale l'ait marqué de faéon indélébile, soit qu'elle ait répondu à une aptitude innée, Chassériau, tout au cours de sa vie, témoigna de sa dette envers Ingres. Androméde(1840, Louvre), Toilette d'Esther (1842, id., les Deux Séurs (1843, id.), Mademoiselle Cabarrus (1848, musée de Quimper), le Tepidarium (1853, Paris, Orsay) montrent une sinuosité linéaire alliée à un statisme antique d'esprit ingresque.

Néanmoins, à partir de 1842, de nouvelles tendances s'affirment dans l'art de Chassériau, un attrait grandissant pour la couleur, pour les formes plus mobiles, pour des sujets empruntés à des auteurs goétés des romantiques, tel Shakespeare (peintures et lithographies tirées d'Othello, 1844).

Son voyage en Algérie, en 1846, détermina le choc qui confirma ces inclinations. Son contact avec l'Orient révéla une entente sincére avec la lumiére et le mouvement (Cavaliers arabes emportant leurs morts, 1850). La critique voulut voir dans cette expression nouvelle une imitation de Delacroix qui fit, en 1832, un voyage au Maroc, à Alger et en Espagne. L'influence de celui-ci fut indéniable, mais le mot pastiche ne peut étre prononcé.

Chassériau, artiste au tempérament complexe, sut marier à l'enseignement reéu un exemple diamétralement opposé, créant un éuvre original. Ce double aspect se fait jour dans ses grandes peintures murales, partie essentielle de sa production.

é Paris, il décora une chapelle à Saint-Merri (Histoire de sainte Marie l'égyptienne, 1844), les fonts baptismaux de Saint-Roch (Saint Philippe baptisant l'eunuque de la reine d'éthiopie, Saint Franéois-Xavier apétre des Indes et du Japon, 1853), l'hémicycle de Saint-Philippe-du-Roule (Descente de croix, 1855) et l'escalier de la Cour des comptes (1844-1848), son plus prestigieux ensemble, incendié lors de la Commune (d'importants vestiges dégradés par le feu en subsistent au Louvre : la Paix, la Guerre, le Commerce). De l'art de Chassériau émane une sorte de charme mystérieux, suscité en grande partie par le type féminin que des femmes admirées ou passionnément aimées, la séur de l'artiste Adéle, Alice Ozy (la Nymphe endormie du musée Calvet, Avignon), la princesse Cantacuzéne, parmi tant d'autrès, lui ont suggéré.

Cet art, à la fois noble et voluptueux, fut la source de l'inspiration de deux grands artistes de la seconde moitié du siècle : Puvis de Chavannes et Gustave Moreau. Gréce, en particulier, aux donations d'un neveu de l'artiste, le baron Arthur Chassériau, le Louvre conserve un ensemble considérable de toiles, d'esquisses peintes et de dessins de Chassériau.

 

http://api.art.rmngp.fr/v1/images/17/925445?t=wFxqZ5SVS6bkYuNAnl3lPA

Suzanne

 

 

  FRANZ VON STUCK - SUZANNE AU BAIN

 

 

 Franz von Stuck - Suzanne au bain (1904)

 

Franz von Stuck - Suzanne et les deux vieillards (1913)

  PAUL REBEYROLLE - SUZANNE AU BAIN (1989)

http://www.espace-rebeyrolle.com/images/affiches/affich-SUZANNE.JPG

Rebeyrolle 1989 "Suzanne au bain"

Reproduction sur papier couché mat surfin 270 g.dim : 68 x 68 cm

 

TULLES

Tulles

 

 DUFY RAOUL

Suzanne et les vieillards

Figure 36 Suzanne et les vieillards

Vers 1945 Technique Huile sur panneau d'Isorel Format 40 X 50 cm

Localisation Paris, musée national d'Art moderne - Centre Georges Pompidou

ZAECH

Figure 37 Zaech

 

STANZIONE MASSIMO

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Suzanne et les anciens 1630

 

 SANTERRE

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Jean Baptiste Santerre

 

 

 

SEBASTIANO RICCI, SUZANNE ET LES VIEILLARDS (1713)

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Ricci

   JOSEPH MARIE VIEN, SUZANNE ET LES VIEILLARDS (1743)

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Joseph Marie Vien, Suzanne et les vieillards (1743)

 

JEAN-JACQUES HENNER, LA CHASTE SUZANNE (1865)

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Figure 42 Henner La chaste Suzanne

é6.39      ARTISTE INCONNU

 

 

Figure 43

é7 éPoésie et musique

En 1548, le poéte Guillaume Guéroult publie une chanson spirituelle intitulée Suzanne un jour qui deviendra très connue :

Suzanne un jour d'amour sollicitée

Par deux vieillards convoitant sa beauté

Fut en son céur triste et déconfortée

Voyant l'effort fait à sa chasteté.

Elle leur dit : si par déloyauté

De ce corps mien vous avez jouissance,

C'est fait de moi ! Si je fais résistance,

Vous me ferez mourir en déshonneur :

Mais j'aime mieux périr en innocence

Que d'offenser par péché le Seigneur.

La piéce est mise en musique par Didier Lupi Second2.

éLe texte fut repris par de nombreux compositeurs (et parmi les plus grands : Roland de Lassus, Cyprien de Rore, Gerardus van Turnhout, Claude Le Jeune, Eustache Du Caurroy...) et devint particuliérement célébre dans la seconde moitié du xvie siècle3.

Notes[

1.      Vincent Pomaréde, 1001 peintures au Louvre : De léAntiquité au XIXéme siècle, Paris, Musée du Louvre Editions,‎ 2005, 589 p.(ISBN 2-35031-032-9), p.330

2.      Didier Lupi Second, Premier livre des chansons spirituelles, nouvellement composées par Guillaume Guéroult, et mises en musique par Didier Lupi Second, Lyon, Godefroy et Marcellin Beringen,‎ 1548, p. [Ce livre fut réimprimé plusieurs fois avec des corrections et des additions].

3.      En voir un recensement dans Kenneth Levy, à Susanne un jour : the history of a 16th-century chanson é, Annales musicologiques, vol. I, 1953,p. 375-408.

 

 

 

 

 

 


[1] éUne autre scéne dentaire. Cette peinture est conservée au Musée du Louvre à Paris.

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Il y a lé quatre spectateurs, dont un voleur. A ce propos il faut rappeler que la présence de ce voleur, relativement fréquente dans ce genre de scéne pourrait avoir une valeur symbolique, comme la présence du singe. Tous les deux sont des malins et des voleurs : céest une maniére déavertir la foule de se méfier du charlatan, lui-méme malin et voleur. Ici il y a un autre symbole de ce type : le faux dipléme avec ses sceaux. Attention ne vous laissez pas séduire par les apparences